Le DHC-ART, fabuleuse galerie d’art située dans le Vieux-Montréal, présente l’exposition Chroniques d’une disparition qui réunit 5 artistes reconnus internationalement autour du thème de la perte et du deuil.
Parmi les oeuvres présentées, trois sont des vidéos d’art.
Opus du Cubain José Toirac est percutante par la force de son concept. Son idée me paraît tout simplement brillante. L’artiste a utilisé l’enregistrement d’un discours du leader cubain Fidel Castro. Il a éliminé la majeure partie du propos pour ne garder qu’une chose: les chiffres. Dans un dispositif d’une grande simplicité, l’artiste nous propose un simple écran noir sur lequel sont projetés les chiffres scandés par la voix de Fidel Castro. Comme le dit le programme de l’expo: “L’artiste réduit les divagations de Castro à des quantifications incompréhensibles de gains, de pertes ou de prévisions, réduisant en fait la politique à une spirale infinie et à des faux-fuyants”
Autre vidéo. Celle de l’artiste israëlien Omer Fast. Son oeuvre 5000 Feet is the Best frappe dès les premiers instants par son look très “fiction américaine”. On se demande si on est dans une galerie d’art ou un cinéma. Rapidement, on comprend que son oeuvre mêle la fiction et le documentaire. On entend la voix d’un homme ayant été opérateur de Predator, un dispositif qui permet à une personne basée en Californie d’envoyer des missiles en Afghanistan ou au Pakistan. Quelle est la responsabilité de cet opérateur? Comment continuer à vivre après avoir tué des centaines de personnes, dont parfois des civiles complètement innocents, victimes d’erreurs de la part de l’opérateur? Comment fait-on pour retourner chez soi le soir, dans son appartement à Las Vegas, après avoir tiré sur des gens se trouvant à des milliers de kilomètres? Autant de questions soulevées par cette vidéo dérangeante.
Finalement, June 8, 1968 de l’Algérien Philippe Parreno est présenté dans une immense salle. On s’assoit à même le sol pour regarder la vidéo sur un écran de dimension impressionnante. L’oeuvre reconstitue le voyage en train du cercueil du sénateur assassiné Robert Kennedy effectué en juillet 1968. Nous sommes donc à bord du train et nous regardons les passants réunis devant la voie ferrée pour assister au passage des locomotives. Le message est moins clairement exposé que dans les deux autres vidéos mentionnées ci-haut. Or, les images sont envoûtantes et même poétiques.
L’entrée est gratuite au DHC-ART (451, rue St-Jean, Montréal). Alors profitons-en!
Chroniques d’une disparition est présentée jusqu’au 13 mai 2012.
Vidéo réalisée dans le cadre de mon défi 12 films en 12 mois (novembre 2009). J’ai imaginé une femme qui marche de dos, sans se retourner et sans qu’on puisse attirer son attention. Une présence, un projet, un confort qui s’en va et dont il nous faut faire le deuil, parce que c’est la seule chose possible.
Tourné avec caméra mini-DV et montage sur iMovie